juin 24, 2006 Archives

samedi 24 juin 2006 23:02

DADVSI : menaces sur nos libertés

Je ne télécharge jamais de musique, ni de videos. Pas le temps ni l'envie. Mais je suis très inquiet par la tournure que prend la loi DADVSI.

Dans un premier temps les députés ont profondément amendé le texte présenté par le gouvernement et obtenu un meilleur équilibre entre les intérêts des industriels et ceux des particuliers. Le Sénat, par ses amendements, a complètement retourné la situation et rendu au texte tous les aspects néfastes qu'il avait au départ. Voire l'a rendu pire.

Une commission mixte doit élaborer un compromis. Malheureusement tous les députés, y compris de l'UMP, qui avaient compris les dangers des MTP (ces fameuses mesures techniques de protection qui donnent aux industriels le droit de contrôler à distance nos ordinateurs sans que nous puissions y échapper) sont exclus de la commission. Peut-être le gouvernement ne craint-il en effet plus grand-chose en matière d'impopularité. Le parti majoritaire, peu soucieux en l'occurence d'incarner la rupture, a trouvé le moyen de mettre sur la touche ses membres les plus courageux et les plus soucieux de l'intérêt général

Autant dire que les Vivendi, Microsoft et consorts risquent bien de sortir grands vainqueurs de cette affaire. Les perdants ? Nous tous, les particuliers et entrepreneurs utilisateurs des nouvelles technologies. Nous perdrons en liberté et en indépendance, individuellement et collectivement.

Michel Rocard (député européen PS) et Bernard Carayon (député UMP) viennent de publier un article dans le Figaro qui explique très clairement ce qui se joue à travers l'adoption de ce texte de loi. Le titre de cet article est on ne peut plus explicite : « L'encodage des œuvres numériques, un nouveau Big Brother ? »

Voici leur conclusion :

Ce qu'illustrent les combats actuels autour de l'appropriation des méthodes intellectuelles et algorithmiques, brevets logiciels et MTP confondus, c'est l'émergence de l'interopérabilité comme un principe fondamental du droit de l'ère numérique, comme la liberté de parole et d'association l'ont été dans le passé pour la réalisation d'une société moderne, dégagée des féodalismes. L'Assemblée nationale l'avait compris, et cette décision avait été saluée bien au-delà de nos frontières.

Alors que la Commission europénne doit réexaminer dès octobre la directive EUCD, ne sacrifions pas dans la précipitation notre indépendance culturelle et technologique. Le prix pour les artistes, la Nation dans son ensemble et la culture, serait fort lourd à payer.


Michel Rocard et Bernard Carayon sont annoncés à la table ronde politique des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre le 6 juillet à Vandœuvre-lès-Nancy. On y entendra aussi François Bayrou (UDF), Martine Billard (Verts), Frédéric Dutoit (PCF), Richard Cazenave (UMP), Christian Paul (PS)

Ces député(e)s, avec d'autres dont Christine Boutin, les députés communistes et verts, se sont signalés par leur compréhension des enjeux et leur indépendance vis-à-vis des industriels de la culture et du logiciel. Donc par leur souci de l'intérêt général.

Posted by Bernard Adrian | Permanent Link | Categories: libre