Qui joue avec le peuple joue avec le feu
La semaine qui vient restera sans doute dans les livres
d'histoire.
Dans quelques jours, jeudi exactement, les français apprendront
peut-être que les parlementaires viennent de ratifier le traité de
Lisbonne, frère jumeau du Traité établissant une constitution pour
l'Europe.
Les français ont une opinion sur la question : les sondages publiés
sur cette question depuis l'automne mettent en évidence une large
majorité contre la ratification parlementaire. Le dernier en date -
CSA-l'Humanité-Dimanche donne 59% pour un référendum et 33% contre.
Fait significatif, les sans opinions sont moins de 10%.
Bref, si le gouvernement parvient à ses fins, il va lui falloir
annoncer aux français que leurs parlementaires viennent de les
désavouer et de faire rentrer par la fenêtre un texte dont ils ont
rejeté le contenu il y a moins de trois ans.
En effet, si la question du mode de ratification a été
systématiquement occultée ou traité a minima dans la presse ces
dernières semaines, le choc n'en sera que plus brutal après-coup :
il sera impossible de ne pas annoncer la ratification.
Il est probable que le président de la République joue là un coup
de poker : il s'attend à des réactions vives mais dispersées, puis
effet bling-bling aidant à ce que les français passent à autre
chose. Au final, il récolterait les bénéfices du découragement,
voire du dégoût de la politique qui ne manquera pas d'envahir un
grand nombre de nos concitoyens qui n'iraient plus voter.
Personnellement je pense que c'est un mauvais calcul. En effet, il
est parfois dangereux de prendre les gens pour des imbéciles. Les
réactions peuvent être imprévisibles.
Hypothèse optimiste : les citoyens écœurés mais conséquents
manifestent leur désapprobation, y compris dans la rue, et
obtiennent un nouveau référendum. Dans ce cas de figure, les
parlementaires auraient bonne mine...
Hypothèse tragique : le coup de poignard dans le dos leur trouble
la vue et ça peut partir dans tous les sens. Et nul ne sait dans ce
cas, jusqu'où ça peut aller. L'antiparlementarisme s'il peut
profiter un temps au président, est une catastrophe pour la
démocratie.
Avec toutes celles et tous ceux qui aiment vraiment ce pays,
j'espère que nous n'en arriverons pas là.