février 03, 2008 Archives

dimanche 03 février 2008 20:28

Qui joue avec le peuple joue avec le feu



La semaine qui vient restera sans doute dans les livres d'histoire.

Dans quelques jours, jeudi exactement, les français apprendront peut-être que les parlementaires viennent de ratifier le traité de Lisbonne, frère jumeau du Traité établissant une constitution pour l'Europe.

Les français ont une opinion sur la question : les sondages publiés sur cette question depuis l'automne mettent en évidence une large majorité contre la ratification parlementaire. Le dernier en date - CSA-l'Humanité-Dimanche donne 59% pour un référendum et 33% contre. Fait significatif, les sans opinions sont moins de 10%.

Bref, si le gouvernement parvient à ses fins, il va lui falloir annoncer aux français que leurs parlementaires viennent de les désavouer et de faire rentrer par la fenêtre un texte dont ils ont rejeté le contenu il y a moins de trois ans.

En effet, si la question du mode de ratification a été systématiquement occultée ou traité a minima dans la presse ces dernières semaines, le choc n'en sera que plus brutal après-coup : il sera impossible de ne pas annoncer la ratification.

Il est probable que le président de la République joue là un coup de poker : il s'attend à des réactions vives mais dispersées, puis effet bling-bling aidant à ce que les français passent à autre chose. Au final, il récolterait les bénéfices du découragement, voire du dégoût de la politique qui ne manquera pas d'envahir un grand nombre de nos concitoyens qui n'iraient plus voter.

Personnellement je pense que c'est un mauvais calcul. En effet, il est parfois dangereux de prendre les gens pour des imbéciles. Les réactions peuvent être imprévisibles.

Hypothèse optimiste : les citoyens écœurés mais conséquents manifestent leur désapprobation, y compris dans la rue, et obtiennent un nouveau référendum. Dans ce cas de figure, les parlementaires auraient bonne mine...

Hypothèse tragique : le coup de poignard dans le dos leur trouble la vue et ça peut partir dans tous les sens. Et nul ne sait dans ce cas, jusqu'où ça peut aller. L'antiparlementarisme s'il peut profiter un temps au président, est une catastrophe pour la démocratie.

Avec toutes celles et tous ceux qui aiment vraiment ce pays, j'espère que nous n'en arriverons pas là.

Posted by Bernard Adrian | Permanent Link | Categories: autre