Il est des moments où il faut parler. Dire ce qu'on sait. Surtout
si ça peut éviter une catastrophe. Or une catastrophe est annoncée
pour ce dimanche.
Quelle catastrophe ? Une coupure entre les générations. Voici un
extrait des résultats d'une
enquête de l'IFOP sur les intentions de vote au second tour de
l'élection présidentielle. Cette enquête a été menée les 26 et 27
avril dernier et publiée par le Journal du Dimanche le 28.
Sarkozy Royal
18 à 24 ans : 47% 53%
25 à 34 ans : 46% 54%
35 à 49 ans : 44% 56%
50 à 64 ans : 49% 51%
+ de 65 ans : 75% 25%
Les « plus de 65 ans », à eux tout seul, font donc
basculer le pays du côté de l'UMP. Ce ne serait pas aussi
dramatique si, ce faisant, ils ne
portaient tort à leurs
enfants et petits-enfants. En particulier en signant l'arrêt
de mort du CDI tel que nous le connaissons. Il serait remplacé par
un contrat unique dont la nouveauté principale est que les
employeurs n'auraient plus à motiver les ruptures de
contrats.
Quelque soit le résultat dimanche soir, nous devrons nous
interroger. Comment un candidat a pu susciter une telle adhésion
(75%) de nos aînés ?
Est-ce parce que coupés du monde du travail, souvent éloignés
géographiquement de leurs enfants,ils sont plus faciles à
berner ?
C'est sans doute parce que nous ne passons pas assez de temps à
leur expliquer comment nous vivons que la télévision a autant
d'influence sur eux.
La manipulation consistant à mettre en avant l'identité nationale
et la sécurité pour mieux faire oublier les questions sociales a
fonctionné au maximum. Le plus paradoxal est que le candidat en
question était au gouvernement lors de la canicule de 2003.
Dans les siècles passés, les jeunes générations étaient les plus
faciles à endoctriner. Les anciens étaient là pour les rappeler à
la prudence.
Les temps ont bien changé.
Au fait, dimanche c'est Sainte Prudence.